Le quartier des Clairs Soleils est situé au Nord-Nord-Est de Besançon à flanc de colline dans un ancien secteur plutôt dédié à l’agriculture et aux vergers jusqu’aux années 60. Il s’agit d’un territoire dont la trajectoire est somme-toute assez classique, basculant très rapidement du statut agricole en périphérie proche de la ville à celui de de quartier urbanisé constitué de grands ensembles, à la fin des années 60, dans le sillage de la modification ou de la création des quartiers de Palente, Montrapon, Planoise ou encore des 408 (Fig. n°1) .
Figure n°1 : Les Clairs Soleils avant les aménagements, fin des années 60

Source : Géoportail et recomposition A. Moine
Figure n°2 : Les Clairs Soleils à la fin des années 70

Source : Libre bleu – Proposition des habitants de Clairs Soleils, 1978, 115 p.
Figure n°3 : Le quartier des Clairs Soleils et ses IRIS en 2020

Source : Openstreetmap


Pour autant à la fin des années 70, le quartier des Clairs Soleils qui compte à peu près 6 000 habitants, est rattaché à celui de Bregille, l’ensemble comptant près de 8 000 habitants. Le quartier Clairs Soleils fait l’objet d’une intense activité de construction : plus de 500 appartements HLM y seront établis en une dizaine d’années, répartis dans 13 immeubles , le reste du quartier de Brégille restant dominé par les maisons individuelles et de petits collectifs privés qui verront progressivement et régulièrement le jour jusqu’à aujourd’hui.
Malheureusement, la construction des appartements aux Clairs Soleils ne s’accompagne pas de la mise en place des équipements et services attendus (hormis les infrastructures scolaires) et le « Livre bleu » , élaboré par les habitants en 1978, mentionne la faiblesse des aménagements et des équipements destinés aux enfants notamment.
A l’époque, un garage fermé sous un HLM constitue la seule salle de réunion du quartier, doublé d’un préfabriqué qui sera rapidement démoli et de la « maison aux volets bleus » qui accueillent des activités selon les âges… (Fig. n°2). Le Livre Bleu, qui compile de multiples témoignages d' habitants, sera à l’origine d’une prise de conscience de la municipalité qui engage une procédure de rénovation du quartier nommée opération « HVS » à partir de 1982, après qu'il a été classé en zone d’Éducation Prioritaire (ZEP) en 1981.
Les travaux, étalés sur 5 ans, permettent de réhabiliter des barres HLM et des tours, de créer des aménagements d’espaces verts, la construction d’une maison de quartier et l’ouverture de locaux sociaux. Mais si le calme est revenu à la fin des années 90, les tensions réapparaissent avec la paupérisation croissante des habitants, et ce malgré l’installation d’un point public en 1999. Ce n’est qu’à partir de 2007 qu’une action directe sur le bâti permettra la destruction de la tour du 106 ainsi que d’une barre nommée « la banane », pour un total de 232 logements. A cette occasion, la voirie est reconfigurée pour créer une place centrale autour de laquelle doivent s’organiser des activités commerciales et des services, tandis que la bibliothèque est agrandie et qu'un parc adjacent est créé.
Aujourd’hui, le quartier des Clairs Soleils regroupe 3 IRIS : Vaites, Chaffanjon et Clairs Soleils (Fig. n°3). Il se présente à la fois sous la forme de bâti individuel pour sa partie Nord, de grands ensembles, essentiellement situés sur l’IRIS Clairs Soleils, où la requalification urbaine a permis d’aérer le tissu urbain et de créer des équipements collectifs (MJC, bibliothèque, parc). La population est de 5 613 habitants (INSEE – 2015), dont 2 017 dans l’IRIS Clairs Soleils, elle est en hausse entre 2010 et 2015, particulièrement sur l’IRIS Clairs Soleil) (+21%).
Déambulation
Figure n°4 : Déambulation dans le quartier des Clairs Soleils
Source : Géoportail et recomposition A. Moine
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Station 1 : Alors que nous sommes dans le quartier des Clairs Soleils depuis le bas de la rue de Chalezeule, nous entrons véritablement dans ce qui est le quartier des Clairs Soleils du point de vue des représentations des bisontins, en fait l’IRIS éponyme .
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Station 2 : Nous sommes face à la MJC en remontant la rue de Chalezeule, autour de nous se mêlent petits collectifs anciens et nouveaux, ainsi que des maisons assez récentes dans un paysage collinaire arboré. Au-delà au Nord-Ouest, se situe ce que les habitants des années 70 appelaient « la colline des millionnaires » ;
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Station 3 : Nous avons remonté la rue de Chalezeule, dépassant la Place des Lumières où nous terminerons notre visite. Nous sommes sur la passerelle qui relie les immeubles au collège et à l’Ecole Jean Macé, nous voyons en nous tournant vers le bas, les tours 102 à 110 et on devine bien l’espace qu’occupait la tour 106 détruite en 2007
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Station 4 : Nous sommes au cœur des immeubles les plus dégradés, ceux qui restent dans les représentations que l’on peut avoir des Clairs Soleils et que l’on assimile à tort au « petit Chicago ». C’est ici qu’est tagué « bienvenue aux Clairs Soleils » ;
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Station 5 : Nous sommes toujours dans le même quartier et pourtant en parcourant 150 m, nous nous trouvons face à un ensemble immobilier privé et clos, avec piscines et surveillé par des caméras. C’est un autre monde, qui correspond à ce que les habitants des années 70 appelaient déjà la colline des millionnaires ;
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Station 6 : Nous sommes redescendus vers le cœur du quartier, il s’agit de l’entrée d’un parc où sont organisés des espaces de jeux, l’espace est boisé, nous n’avons pas l’impression d’être dans un quartier prioritaire de la ville ;
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Station 7 : Sur la bordure du parc se situe la Médiathèque, dans une ancienne maison bourgeoise que le propriétaire, médecin a légué à la ville pour en faire un espace culturel, initialement une bibliothèque dans les années 80 ;
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Station 8 : Nous nous retrouvons, après une descente dans le parc, sur la place des Lumières, reconfigurée dans les années 2007. Ici se tiennent des commerces qui sont tous fermés (Leader Price, auto-école, boucherie, boulangerie), ainsi que des espaces initialement dédiés à des commerces qui n’ont pas vu le jour. En fait de place il s’agit plutôt d’un parking, aucun lieu de convivialité n’est visible (aire de jeux, terrain de boules, bancs).

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Lors de la déambulation, en pleines vacances de la Toussaint, nous n’avons finalement rencontré que très peu de personnes, des adolescents regroupés devant les quelques commerces autour de la station 5 et des enfants accompagnés de leurs parents dans le parc.