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Des faux profs face à de vrais éléves

« Un cours que les élèves ne sont pas prêts d'oublier »

« Ça a été la plus belle pièce de théâtre de toute ma vie, le meilleur prof du monde »

« Il faut plus souvent des cours de comédie car c’est amusant et génial. »

« Aujourd’hui on a eu le cours de français le plus drôle et le plus fou, en mode je suis toujours choquée. »

 

L’école comme institution est un espace normé, rythmé par l’emploi du temps, les changements de classes et de matières, les interrogations, devoirs, exercices, leçons. Chacun a un rôle défini et il est rare qu’on questionne cette distribution de rôles. On est dans une mécanique bien huilée qui laisse peu de place à l’imprévu.

Au travers de nos interventions, nous mettons quelques grains de sable dans les rouages scolaires. Nous fonctionnons par décalages successifs, qui, en s’ajoutant les uns aux autres, font dérailler cette relation normative à la connaissance afin de mieux l’interroger et changer le regard des uns sur les autres.
Cette forme et les différentes péripéties qui en découlent, créaient une relation jubilatoire entre les comédiens et les élèves. Ceux-ci, découvrant petit à petit la supercherie, sont heureux de s’être fait avoir.

​Par bien des côtés, le rôle du professeur, au-delà de l’aspect pédagogique, s’apparente à celui du comédien. La classe est bien un espace de représentation avec son auditoire d’élèves, et le comédien-professeur qui essaye de les capter, improvise. C'est cette espace que nous investissons pendant 3/4 d'heure, que nous décalons pour en faire un moment  de drolerie.

Un cours d’histoire

Pour le cours d’histoire, nous avons changé d’angle, nous nous sommes inspirés des jeux dont vous êtes les héros. Nous proposons un jeu de rôle dans lequel les élèves endosseront les rôles de personnages historiques.
Le cours est animé par Anne-Sophie BERNARD, chercheuse en sciences cognitives au CNRS, rattachée à l’INSHS. Elle est dans un protocole expérimental, dans lequel les élèves sont ses cobayes.
Sa recherche porte sur une meilleure efficience des connaissances historiques à travers une pédagogie ludique et immersive. Dans cette expérience menée par le CACT (Comité pour une Approche Constructiviste et Transversale des savoirs), les élèves vont jouer, et en jouant construire leur savoir. En tout cas, c'est le postulat de notre chercheuse, reste à le vérifier.
Notre chercheuse distribue des cartes aux élèves, sur lesquelles figurent des personnages et la couleur de leur équipe : bleus, blancs, rouges. 1,2,3, c'est parti pour le jeu des invasions, assis à califourchon sur leur chaise les élèves doivent rejoindre leur territoire, le plus vite possible et déployer leur étendard (mettre une nappe sur leur îlot de table).
Pendant une heure, les différentes équipes vont s’affronter autour de devinettes, de jeux de rôles :
 au fur et à mesure, les personnages figurant sur leur carte s’emboiteront pour construire l’histoire, et avec eux, les élèves entreront dans la grande histoire des Francs.
Ils devront répondre à différentes devinettes :
Quand a été créé le drapeau français ? Quel peuple a fondé la France ? D’où venait-il ? Quelle langue parlait-il ? Qui était le premier roi des Francs ?

Tout ceci pour comprendre les stratégies du pouvoir (alliance, mariage, guerre, impôt, assassinat)

Un jeu de massacre

Nous nous plaçons volontairement dans un récit national des origines pour mieux démonter cette fiction. Quand commence la France ? Cette notion a évolué au fur et à mesure de l’histoire: les Gaulois, les Capétiens, les Francs.
Pour notre chercheuse, elle démarre avec les Francs qui parlent allemand et vivent en Belgique.
La période qu’elle mettra en jeu va du Vᵉ au VIᵉ siècle. C’est une histoire de famille qui court sur deux générations, de Clovis à ses enfants.

Une période mouvementée où le partage du royaume entre les fils du roi engendre des guerres fratricides.
Il y a quelque chose de shakespearien au royaume des Francs. Une histoire du pouvoir qui rime avec complot, trahison, assassinats.
Un aspect tragique, que nous avons décidé de jouer sur le mode de la farce. Notre chercheuse passe du couronnement, au mariage, de la salle du trône, au champ de bataille. Elle tourne les pages de ce livre sanglant où les protagonistes pourraient être tout droit sortis d'un film de Scorcese.
Elle les compare d'ailleurs à des mafieux qui pour étendre leur territoire n’hésitent pas à tuer leurs neveux, leur tante, ou leur belle-sœur.

La grande histoire, celle du pouvoir n’est-elle pas au fond que ça, une histoire qui abuse, écrite par ceux qui en ont contre ceux qui n’en ont pas.

 

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Cours de Français

M. Xérés est un professeur stagiaire. Aujourd’hui c’est son premier face à face avec les élèves, il est évalué par des professeurs et son formateur, mais celui-ci est en retard. Voilà comment le principal le présente. 
Notre élève professeur a décidé de commencer son cours par Candide de Voltaire. Il ne lira pas simplement l’œuvre mais incarnera les différents personnages. Lorsque son tuteur,
M. Rabier, fait son entrée M. Xérés s’est affublé d’une perruque et joue Cunégonde. M. Rabier distribue des fiches d’évaluation, le professeur stagiaire reprend son cours, mais l’entrain qui l’animait fait place au doute.  Il perd pied et à bout de force, il avouera à son formateur qu’il a du mal avec les adolescents, ils ont le même âge que sa fille qu’il ne comprend plus. Entre eux, c’est une lutte permanente. Pour prouver ses dires, il se met à lire des extraits de son journal intime. Pour aider M. Xérés, à comprendre sa fille et par là même les élèves, M. Rabier son formateur, lui propose d’incarner le personnage d’Antigone de Jean Anouilh, lui fera Créon.

 

Qu’avons-nous à transmettre et pourquoi?

Derrière la supercherie, c’est ce jeu de relation que nous voulions interroger. Nous sommes dans un duel, mais ce n’est pas celui que se livrent les mousquetaires, c’est un combat entre le maître et l’élève, les pères et les fils. Qu’avons-nous à transmettre et pourquoi?
La supercherie n’est là que pour intensifier la relation et créer des identifications.
Au cours de cette heure mouvementée, nous nous amusons à brouiller les places, nous créons des mises en abîme, des inversions. Celui qui passe un examen, c'est l’adulte et c’est en partie les élèves qui l’évaluent.  L’adulte est devenu l’élève. Là où d’habitude, l’individu disparait derrière sa fonction pédagogique, nous avons choisi de montrer un individu vulnérable et fragile. Un père de famille dépassé par une fille qu’il ne comprend plus. Il ne comprend pas cet âge, où les adolescents n’aspirent qu’à se ressembler. Il compare ces élèves à des monstres. Au travers du carnet de sa fille, que M. Xérés leur dévoile, tout un jeu d’identification se met en place. La fille de M Xérés renvoie les élèves  à eux mêmes. L’individu fragile qu’incarne Mr Xérès les questionne sur leur propre père. Dans ce jeu de miroir, nous tissons un dialogue paradoxal, qui s’ancre dans du sensible.
Et dans cette réflexion, nous redonnons corps à la fonction et à la relation.
Monsieur Rabier,  le formateur dira à son élève professeur :
« Le but, c'est d’être avec les élèves, de les accompagner, vous êtes avec des adolescents, il y a tellement de choses qui se passent à ce moment-là, vous pouvez les aider à passer d’un stade à un autre et par le biais du Français, vous avez un boulevard qui est offert. Vous travaillez sur l’expression, sur qui on est, comment on se construit. Accompagner des enfants, à grandir à acquérir des méthodes de penser, c’est un beau programme. »
En une heure, nous creusons un petit sillon initiatique dans lequel le stagiaire accède progressivement au rôle de professeur et les élèves à une compréhension des enjeux qui sont les leurs
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Ce spectacle a reçu le soutien:

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